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Modifié le 21 août 2023

L’innovation audiovisuelle française à la conquête du marché Nord-Américain

Temps de lecture : 6 minutes

Las Vegas, Convention Center, West Hall, W7518.Derrière ces coordonnées géographiques, pas de trésor mais sûrement des pépites : du 23 au 27 avril 2022, c’est en effet à cette adresse que se joueront les destins de 12 startups tricolores hébergées sur le pavillon France French Tech du NABSHOW 2022. Douze étendards de l’offre française qui viendront bousculer de leurs innovations l’écosystème américain […]

Las Vegas, Convention Center, West Hall, W7518.
Derrière ces coordonnées géographiques, pas de trésor mais sûrement des pépites : du 23 au 27 avril 2022, c’est en effet à cette adresse que se joueront les destins de 12 startups tricolores hébergées sur le pavillon France French Tech du NABSHOW 2022.

Douze étendards de l’offre française qui viendront bousculer de leurs innovations l’écosystème américain de la création et de la diffusion de contenus audiovisuels.

Au programme : des rencontres sur stand, des RDV d’affaires et du démarchage en règle des grands donneurs d’ordre stationnés juste à côté.
« Cette année, explique Etienne Savin, référent Télécoms et Broadcast pour Business France, nous avons fait le choix de positionner le pavillon au cœur du hall des fournisseurs de services over­the­top (OTT) pour être sûrs de susciter la rencontre avec des fournisseurs d’accès à internet (FAI) ou des broadcasters ».

Opérateurs et broadcasters –

en pleine transformation


Car sur un marché américain en recomposition post-pandémie, ces services OTT d’accès directs aux contenus audiovisuels – en streaming, replay, VoD ou en catch-up TV – forment le plus gros segment de marché et le sourcing numéro un des opérateurs télécoms et broadcast en quête d’innovations.

« La pandémie a entraîné un accroissement du temps de visionnage par personne mais également une consommation pick-up de programmes : désormais les spectateurs se détournent des gros bouquets packagés ou des abonnements au câble pour préférer les contenus individuels visionnés en ligne, généralement par le biais d’une plateforme de type Amazon, Youtube, Hulu ou Netflix », explique Etienne Savin.

D’où un besoin impérieux des acteurs télécom historiques comme Verizon, AT&T ou T-Mobile et des TV broadcasters comme Comcast Corporation, Disney, Fox et Viacom de trouver des solutions technologiques OTT complémentaires à leurs services pour se positionner à leur tour sur ce type d’offres et étoffer leurs gammes (en proposant des services de Smart TV ou de cloud gaming par exemple).

Les chiffres de croissance sur le marché américain sont en effet éloquents : sur les cinq dernières années, le trafic internet a plus que doublé, en lien avec l’explosion du streaming vidéo HD.

193 millions d’américains sont désormais abonnés à un service OTT en 2021 tandis que, de l’autre côté du spectre, 35 à 40% de foyers ont d’ores et déjà résilié leur abonnement à la télévision payante (un phénomène appelé le « cord-cutting »), avec un effet loupe apporté par la pandémie :
« On recense une heure trente de visionnage en plus par personne, dont une heure supplémentaire de replay et deux millions d’utilisateurs en plus sur les plateformes de vidéo à la demande (VoD) », cite Etienne Savin.

Développer la diffusion mobile –

grâce à la 5g


D’où une volonté des opérateurs d’accompagner le mouvement en proposant cet accès sur différents appareils (télévision, ordinateur mais aussi mobile et tablette) : « L’accessibilité de la télévision sur mobile est une des clés du marché, en parallèle du déploiement de la 5G », explique Florence Tison, responsable Industrie et Technologies pour l’Amérique du Nord chez Business France.

La puissance offerte par la 5G laisse en effet entrevoir une diffusion en direct et en interactif de certains contenus, avec la possibilité pour des services innovants de niche de s’insérer dans le dispositif (ex : monitoring de contenu, publicité ciblée, diffusion UHD, etc).

Pour l’heure, ce sont 5000 villes et 200 millions d’habitants américains qui sont couverts par la 5G ; et les opérateurs entendent profiter des cinq prochaines années pour compléter la couverture réseau à travers le pays.

Mais l’entrée d’acteurs étrangers reste cependant conditionnelle tant le dossier est miné par les conflits commerciaux qui sous-tendent la relation sino-américaine.

La france, un fournisseur pionnier…


Un marché OTT globalement en croissance, donc, qui pourrait trouver dans le savoir-faire français des moteurs d’innovation et une grande maîtrise des données :
« Le nerf de la guerre sur ce marché, c’est l’optimisation de la consommation de données – à la fois pour des questions de qualité de service mais aussi d’économie d’énergie et de durabilité. Or la France a une grande expertise sur la question », témoigne Etienne Savin.

Historiquement pionnière sur le déploiement de réseaux HD, la France dispose en effet d’une des plus grandes couvertures de fibre au monde ; en 2005, elle a basculé en TNT, puis en 2008 en HD et, enfin en 2024, l’Hexagone planifie l’activation de l’Ultra HD pour les Jeux Olympiques.

Par-dessus tout, la France jouit d’une grande expérience sur plusieurs axes clés des services OTT : son nombre de clients actifs en IPTV est le plus élevé d’Europe (davantage que les cinq nations européennes suivantes réunies !) et son nombre d’abonnés VoIP est le second d’Europe.

« Cet actif historique permet à la France de disposer d’un tissu de PME et ETI vraiment compétitives qui proposent des prix de diffusion parmi les plus bas d’Occident et un périmètre de services particulièrement large », se réjouit Étienne Savin – sans toutefois occulter la concurrence asiatique et américaine, toujours bien présentes.

… et toujours innovant


Au-delà de cette compétitivité, c’est la capacité d’innovation du tissu français qui séduit : les expérimentations menées par Oledcomm sur le Li-Fi (technologie de communication sans fil ultra-rapide reposant sur l’utilisation de la lumière) ou par Semtec sur le LoRa (protocole de communication utilisant l’Internet des Objets) démontrent les ambitions françaises sur l’enjeu d’optimisation des réseaux et des données.

Quant au dynamisme de la French Tech en matière de Big Data, d’Intelligence Artificielle (IA), d’Internet des Objets (IoT) et de Smart Building, il permet à l’écosystème audiovisuel d’envisager de nouveaux services intégrables dans les offres de contenus : « Avec la chute de 8,3% des revenus publicitaires de l’industrie TV en 2020, les diffuseurs sont partis en recherche d’outils innovants pour vendre des produits et services via les contenus », explique Florence Tison.

« Les fonctionnalités interactives qui permettent tout à la fois de cibler les préférences des spectateurs, de personnaliser les publicités et de créer l’acte d’achat en seamless au cœur de l’expérience de visionnage sont une manne attendue par les diffuseurs ».

Autre segment espéré : la sécurisation des contenus, à l’heure où la protection de la propriété intellectuelle est de plus en plus remise en question.

« Au-delà de la cybersécurité appliquée aux réseaux, il peut s’agir de toutes les technologies de watermarking qui protègent l’œuvre directement », signale Étienne Savin.

La création de contenu,

l’autre grand débouché de la french tech


Car, sur le sol nord-américain, les marchés de création de contenus rencontrent tout autant de besoins que ceux liés à la diffusion.

« Sur la création, les grands donneurs d’ordre comme Disney, Viacom ou les nouveaux entrants comme Amazon ou Netflix vont chercher des technologies numériques leur permettant d’accomplir des prouesses visuelles tout en limitant les budgets et les ressources de production », témoigne Florence Tison.

D’où une course aux équipements de tournage modulables et aux solutions de motion design, de réalité augmentée et de rendering UHD/4K. « La pandémie a renforcé le besoin de travailler à distance dans une industrie fortement présentielle : désormais, les outils de prévisualisation doivent pouvoir aider les équipes à cibler les besoins de tournage ; et, à l’aval, des technologies d’animation ou de doublage des voix doivent permettre de fluidifier la post-production sans forcément rassembler les équipes en studio ».

Les prévision tech les plus futuristes liées à la réalité virtuelle et au déploiement du métaverse laissent entrevoir un marché potentiel pour les pépites audiovisuelles françaises.

« Il y a en France un tissu établi d’entreprises et de startups, bien souvent liées au monde du gaming, qui disposent d’une longueur d’avance dans le milieu de l’animation et des wearables[1] », rappelle Étienne Savin qui cite la prestigieuse École des Gobelins ou les solutions holographiques d’Asobo Studio.

[1] Équipements de technologie portable, de type casques, lunettes ou gants de réalité virtuelle ou augmentée

Douze startups sous les projecteurs


Une chose est sûre : trois ans après sa précédente édition et avec près de 100 000 visiteurs et 1700 exposants, le NABSHOW devrait redonner aux acteurs français une ouverture vers les marchés audiovisuels nord-américains.

«Au-delà des Etats-Unis, le Canada est également un terrain porteur sur le segment de l’animation et de l’intelligence artificielle», signale Florence Tison. « Et puis il y a le marché de l’Amérique Latine qui envoie de nombreux donneurs d’ordre sur le NABSHOW », rebondit Étienne Savin.

Pour toutes ces raisons, Business France met en place des rencontres d’affaires dédiées pour les douze startups qu’elle accompagne sur son pavillon de 150 mètres carrés.

« Ce programme de promotion de startups est le fruit d’un partenariat historique que nous avons avec le CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée – qui accompagne et promeut l’ensemble des filières du cinéma, de l’audiovisuel et des autres arts et industries de l’image animée. Le partenariat entre le CNC et Business France favorise la mise en avant de solutions d’excellence et symbolise notre volonté commune d’accompagner les entreprises à chaque étape de leur développement. Nous sommes particulièrement heureux que cette collaboration entre nos deux institutions permette de renforcer la présence française au salon NABSHOW, qui accueille le meilleur état de l’art de la technologie mondiale. » explique Étienne Savin.

Nabshow 12 stratups

Pour cette opération, le CNC apporte en effet une subvention de 50 000 euros pour couvrir les frais de déplacement et d’exposition des douze sélectionnés[1].

Sur les douze participants, la moitié seront cette année des « petits nouveaux » qui découvriront le salon et l’autre moitié aura déjà participé en 2019.

« L’objectif est d’accompagner les startups pour qu’elles puissent à terme venir seules : c’est par exemple le cas de Broadpeak et de B<>Com qui sont désormais présentes à titre individuel cette année ».

  • Le Pavillon French Tech, une rampe de lancement ? « Nous l’espérons car le NABSHOW est toujours l’occasion pour les startups accompagnées de nouer des relations de long terme avec les décideurs locaux », conclut Étienne Savin.

Découvrez les douze startups exposantes sur le pavillon France : https://bit.ly/Catalogue-Nabshow22

[1] L’IBC d’Amsterdam (sept 2022) et le CABSAT de Dubaï (mai 2022) étant les deux autres grands rendez-vous internationaux pour la filière, avec des opérations également subventionnées par le CNC

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