Modifié le 21 août 2023
Investissements en capital-risque : croissance record en Italie depuis 2021
Si, malgré la crise sanitaire qui a frappé fort, les investissements italiens en venture capital ont fait preuve d’une résilience notable en 2020, l’année 2021 a été celle de tous les records et le début 2022 confirme bien cette tendance. Ces investissements prennent une telle ampleur que le gouvernement italien souhaite en faire l’un des […]
Si, malgré la crise sanitaire qui a frappé fort, les investissements italiens en venture capital ont fait preuve d’une résilience notable en 2020, l’année 2021 a été celle de tous les records et le début 2022 confirme bien cette tendance.
Ces investissements prennent une telle ampleur que le gouvernement italien souhaite en faire l’un des piliers du plan de relance économique : l’occasion de faire le point sur un secteur qui ne cesse de croître et possède désormais une place de choix dans l’économie italienne.
2021 : Investissements en venture capital
en plein boom

La crise sanitaire de 2020 a eu l’effet d’une tornade en Italie. En effet, ce fut le premier pays européen à se mettre en quarataine, ce qui a conduit à un blocage massif de son économie.
Cependant, l’Italie a su faire preuve de résilience et les investissements des opérateurs spécialisés en capital investissement ont tout de même augmenté considérablement sur cette année 2020, passant de 367 millions d’euros en 2019 à 569,2 millions d’euros en 2020.
L’année 2021, loin de se contenter de confirmer cette tendance, a été placée sous le signe des records : records en termes de montant mais aussi en termes de nombre d’opérations réalisées.
En effet, pour la première fois de son histoire, plus d’un milliard d’euros ont été levés (très exactement 1,243 milliards, soit une augmentation de 118% par rapport à 2020). De plus, 334 opérations ont été réalisées, ce qui équivaut à trois fois plus qu’en 2020.
Cette progression spectaculaire a été rendu possible à la fois par des changements comportementaux mais aussi bien évidemment par la poursuite d’un processus de digitalisation des entreprises désormais bien engagé, qui ont de plus en plus recours à des solutions innovantes.
Le chiffre le plus notable concerne la phase « seed », à savoir la première levée de fonds. De 53 opérations à peine en 2020, on a recensé 233 investissements de ce type en 2021. Il en va de même pour les rounds de série A qui passe de de 35 à 50 en 2021. L’ecosystème startup italien s’est donc considérablement renforcé.
Concernant les secteurs prolifiques, la foodtech est à l’honneur en représentant plus de 20% du total des fonds levés (plus de 260 millions d’euros).
Nous pouvons citer notamment les levées de fonds importantes de Everli (85 millions d’euros), Cortilia (34 millions d’euros) et Tannico (32 millions d’euros), qui ont parfaitement su saisir les changements d’habitudes de consommation des Italiens, en favorisant notamment le développement des filières courtes (Cortilia).
Suivent ensuite le secteur Fintech avec son fer de lance Scalapay, ayant réalisé deux levées de fonds en 2021 (140 puis 40 millions d’euros), celui de l’Energy & Recycling, du Proptech et de l’Health & Life Sciences. Au total, ces cinq secteurs représentent environ les trois quarts du total investi.
Les fonds de venture capital ont été les acteurs prédominants des différentes levées de fonds. Sur les 1 243 millions d’euros investis, environ 850 millions (68%) proviennent de ces acteurs, le principal ayant été CDP Venture Capital avec la participation à 43 deals en 2021, loin devant les autres sources d’investissement.
Bien que ces fonds de venture capital demeurent les « top players » dans les levées de fonds, l’année 2021 a été temoin de l’important développement de l’ Informal Venture Capital, incarné principalement par les business angels. Bien qu’ils n’aient pas participé à plus de deals par rapport à 2020, le montant investi provenant de cette typologie d’acteurs a augmenté de 78%, pour atteindre 91 millions d’euros (contre 70 millions d’euros dans l’Hexagone).
Analysons à présent la répartition régionale de ces levées de fonds. Sans surprise, nous retrouvons la Lombardie en première position avec pas moins de 66,2 % du total des levées de fonds.
Les disparités régionales, déjà soulignées par des rapports PIB/hab très divergents, se confirment, avec une contribution assez maigre de la part de la moitié sud du pays.
On peut souligner en revanche la relativement bonne performance de la région du Latium (Rome) qui, avec FARE Venture, l’opérateur géré par Lazio Innova, souhaite attirer de nouveaux fonds afin de soutenir les startup et les PME régionales à hauteur de 130 millions d’euros d’ici à 2023.
Dernier point mais non des moindres concerne l’impact significatif des investissements dans une optique ESG.
Tout d’abord, il est important de préciser que deux tiers des investisseurs appliquent des critères d’évaluation ESG lors de l’évaluation d’une opportunité d’investissement.
En se penchant sur les opérations de venture capital de 2021, 66 (soit 20% du total) ont été réalisées en faveur de startup qui cherchent à répondre à des problématiques liées aux enjeux du développement durable.
Au total, 290 millions d’euros ont été levés ce qui correspond également à une part non négligeable du montant total (25%).
Selon Marco Daviddi, Strategy & Transactions Leader Italy de Ernst & Young, « 2021 est l’année dans laquelle l’ESG et les enejux de développement durable ont été des thématiques prioritaires pour les investisseurs ainsi que pour les fonds de private equity.
La future croissance du venture capital en Italie sera accompagnée des thématiques de modernisation et de transition durable des entreprises et des filières productives. » (EY.com)
Une tendance qui se confirme
en 2022
Les investissements 2022 en capital-risque surfent sur la vague de 2021. En effet, sur le seul premier trimestre 2022, 420 millions d’euros ont été investis, ce qui représente encore une augmentation de 35% par rapport au premier trimestre 2021. De plus, 54 levées de fonds ont été réalisées dont deux supérieures à 50 millions d’euros (ScalapPay et MoneyFarm), ce qui correspond au deuxième meilleur bilan des cinq dernierès années.
Si nous nous intéressons plus en détail à la nature des levées de fonds réalisées, nous observons une forte prédominance des rounds de série B (228,7 millions d’euros pour un total de 19 opérations), résultat grandement amplifié par la levée de fonds record réalisée par la toute récente licorne ScalaPay (188,1 millions d’euros). Quant aux rounds de série A, le total investi reste sur la même dynamique de 2021 (+13%).
Derrière le prodige Scalapay et du Buy Now Pay Later, c’est l’ensemble du secteur Fintech italien qui est à l’honneur en ce premier trimestre 2022. En effet, la Fintech se classe en première position par rapport aux montants investis (253 millions d’euros) et en deuxième position par rapport au nombre de levée de fonds réalisés (9). Outre la performance notable de ScalaPay, nous pouvons également citer Moneyfarm (wealth management en ligne), qui a réalisé un round de série D à plus de 50 millions d’euros. D’autre part, les secteurs de l’alimentaire / agriculture et des Life Sciences ont également enregistré de belles performances (respectivement 53,5 millions en 4 levées de fonds et 47,5 millions en 7 opérations). Ces trois secteurs incarnent véritablement les chefs de file des investissements car ils réprésentent plus des trois quarts du montant total investi.
Intéressant à souligner, la participation des investisseurs étrangers est toujours plus importante. En effet, le poids de ces investisseurs dans le montant total levé est de 66% (contre 57% en 2021). Ils ont également été impliqués dans un plus grand nombre de levées de fonds (33% contre 25% en 2021). Les deux « top players » étrangers proviennent des Etats-Unis, Tiger Global Management et Greenoaks. En ce qui concerne les investisseurs italiens, CDP Venture Capital est resté l’acteur prédominant lors du premier trimestre 2022, ayant participé à 12 deals.
L’autre donnée intéressante est celle des exit réalisées ce premier trimestre. Avec 10 exits conclus (contre 2 au Q1 2021), l’Italie a déjà atteint le tiers de celles réalisées en 2021, ce qui annonce sans aucun doute une nouvelle année record.
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ces chiffres ? Selon Francesco Cerutti, directeur général d’Italian Tech Alliance, un des principaux contributeurs du rapport ayant établi les chiffres ci-dessus, « l’Italie est en bonne voie pour réduire l’écart avec les autres puissances européennes en matière de capital-risque, car ce secteur répresente de plus en plus un segment central de l’économie italienne » (First Online). De plus le nombre toujours plus croissant d’exits contribuera au renforcement de l’écosystème startup italien.
Le capital-risque comme soutien
de la relance italienne

Le plan de relance italien (Piano Nazionale di Ripresa e Resilienza) a été mis en place en 2021 par le gouvernement italien pour répondre à la crise économique et financière engendrée par la pandémie.
En effet, les entreprises italiennes ont vu leur niveau d’endettement augmenté durant la crise sanitaire, notamment les PME (+20,7% entre 2019 et 2021), ce qui a fragilisé leurs fonds propres. Leur capacité d’investissement en fonds propre, nécéssaire pour répondre aux enjeux de transition numérique, a donc été fortement impactée. Pour cela, l’Etat italien a mis en place des mesures visant à faire du capital-investissement un des leviers de la relance.
Tout d’abord, pour favoriser les opérations de capital-investissement, le cadre réglementaire italien a été assoupli.
Les plans d’épargne individuels (PIR), qui sont des outils pour l’investissement à moyen et long terme générant un crédit d’impôt, ont vu leur limite réhaussée à 40 000 € par an (contre 30 000 € auparavant) grâce à la nouvelle loi de finances italienne de 2022. L’intêret de cette démarche est de renforcer l’intérêt de ce type de placement financier pour « attirer davantage l’épargne personnelle vers le financement de l’économie italienne » (Benoit Lemonnier, 15/04/2022, Service économique régional de l’ambassade de
France en Italie).
D’autre part, la dotation du fonds national italien pour l’innovation (CDP Venture Capital), capée à 1 milliard d’euros lors de sa création en 2019 a été revue à la hausse à hauteur de 2 milliards d’euros fin 2021, dans l’optique de redynamiser le soutien public au capital-investissement.
Le plan de relance italien prévoit également un soutien accru aux entreprises au moyen de la création d’un fonds de soutien à hauteur de 700 millions d’euros à destination de 250 PME innovantes (d’ici juin 2025).
Enfin, la profession s’est mobilisée pour dynamiser l’activité du secteur. Regroupée au sein de l’association italienne pour le capital-investissement et risque (AIFI), elle souhaite s’impliquer dans la phase de relance les opérations de venture capital.
Pour ce faire, l’AIFI a établi un plan de bataille. Elle souhaite tout d’abord la création d’un fonds qui investirait dans les autres fonds d’investissements afin d’établir un véritable marché secondaire.
De plus, elle verrait d’un bon œil la mise en place d’un nouveau crédit d’impôt en faveur des acteurs du secteur qui font l’achat de parts de fonds d’investissement (capital-investissement et/ou risque).
Ainsi, l’écosystème startup italien grandit et se renforce d’année en année, l’Italie comble le retard sur ses voisins européens, ce qui créé une dynamique très positive et un cadre de confiance. Vous, startup ou scale-up innovante française, souhaitez en savoir plus et aller à la rencontre de cet écosystème ? Candidatez votre entreprise pour la prochaine édition du programme Impact Italy : Impact Italy – 2022 (businessfrance.fr) ou contactez lucie.pelissier@businessfrance.fr .
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