Modifié le 21 août 2023

Digital et événementiel : l’alternative « anti-crise » des industries culturelles et créatives ?

Temps de lecture : 5 minutes

En France comme aux États-Unis, l’année 2020 a fortement été marquée par la crise sanitaire liée au Covid-19. Face aux mesures restrictives, le monde de la culture a dû s’adapter pour continuer d’exister. Tour d’horizon du marché actuel. Après la crise sanitaire, une nouvelle ère digitale pour la culture ? Mars 2020. Les musées, théâtres et […]

En France comme aux États-Unis, l’année 2020 a fortement été marquée par la crise sanitaire liée au Covid-19. Face aux mesures restrictives, le monde de la culture a dû s’adapter pour continuer d’exister. Tour d’horizon du marché actuel.

Après la crise sanitaire, une nouvelle ère digitale pour la culture ?


le développement des produits connectés et de la réalité virtuelle

Mars 2020. Les musées, théâtres et cinémas doivent baisser leurs rideaux en Europe, aux États-Unis et dans la plupart des pays. Avec les confinements successifs, le secteur du tourisme a ainsi fait perdre 4.000 milliards de dollars à l’économie mondiale, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Sans y être préparé, le monde de la culture a dû revoir ses offres afin de continuer à proposer du contenu à son public. Un coup d’accélérateur pour la digitalisation du secteur. Aux États-Unis, par exemple, l’ambassade de France à New-York a choisi dès le départ de miser sur les nouvelles technologies. « Si nous sommes attentifs à toutes les formes que peut prendre la création numérique, nous nous intéressons plus particulièrement aux jeux vidéo, à la XR (réalité virtuelle, augmentée et mixte) et à la création sonore, avec le podcast. Nous avons franchi une nouvelle étape pour le développement des produits connectés et  de la réalité virtuelle pour laquelle une étude récente de PWC prévoit une croissance de 30% d’ici à 2025 », témoigne Valérie Mouroux, attachée audiovisuelle, directrice du département film, TV et nouveaux médias, à l’ambassade de France à New York.

L’heure est désormais à la convergence entre les secteurs de la culture. Jeux vidéo, réalité virtuelle et cinéma peuvent désormais se mélanger, tout en offrant une plus grande créativité aux supports. « À condition de bien penser la distribution et le marketing en amont, de se positionner à la fois sur la création et l’innovation technologique, et de rester attentifs aux marchés qui se développent », rappelle Valérie Mouroux.

Offrir une immersion digitale et culturelle dans les coulisses


D’autres encore ont misé sur les réseaux sociaux afin d’inciter le public à découvrir la culture à travers leur téléphone pendant les différents confinements. Sur TikTok, par exemple, le hashtag #CultureTikTok a vu éclore de nombreuses initiatives de la part des musées et salles de spectacle. Le château de Versailles a notamment initié de nombreuses visites digitales dans ses plus belles salles et jardins, mais aussi dans les coulisses du château. Les 2 millions de fans du compte [tous réseaux confondus] pouvaient ainsi découvrir les acteurs du quotidien, notamment pendant la restauration des œuvres. Le but ? Permettre aux plus jeunes d’accéder à la culture.

Outre ce public, l’ouverture de la culture au digital pourrait démocratiser un secteur qui se valait de plus en plus vieillissant. Lors du premier confinement, sur Internet, l’Opéra de Paris a notamment proposé ses collections en streaming, visitées plus de 2,5 millions de fois pendant cette période, précise Libération. De quoi rendre accessible à tous et tout le temps, gratuitement, une culture parfois onéreuse. Mais pour Louis-David Loyer, directeur exécutif de l’entreprise canadienne Multicolore, spécialisée dans l’événementiel, la digitalisation de la culture peut avoir ses limites.

Surmonter les difficultés de la digitalisation dans un contexte de pertes


Actions mises en place après la crise sanitaire

À l’été 2020, Louis-David Loyer et son équipe décident d’organiser des événements virtuels « en transposant, sans adapter au monde 2.0 ». Mais, problème, l’entreprise s’aperçoit que le contenu n’est pas adapté au média. « Tu peux avoir le meilleur DJ au monde, si il n’est pas bien filmé, que l’image est trop statique et qu’il n’y a pas d’interaction, cela n’a aucun intérêt », prévient le Directeur exécutif. Toutefois, le directeur de l’Opéra de Paris, Alexandre Neef, admet avoir trouvé en cette crise sanitaire une façon de toucher un nouveau public. « À l’avenir, l’opéra va de plus en plus s’inviter dans les foyers », précise-t-il, lors d’une interview à Public Sénat. Ce dernier ne cache pas les difficultés rencontrées lors de l’année 2000, où l’Opéra « a perdu presque 90 millions d’euros de recettes ». Si le centre culturel a réussi  à réaliser des économies « de l’ordre de 45 millions d’euros », le directeur avoue avoir connu « une année très difficile », où il a fallu « maintenir en forme les équipes artistiques ».

Mais tous n’auront pas la même chance de rouvrir et devront s’en tenir au digital. C’est le cas notamment de l’exposition « Noir et Blanc » au Grand Palais, qui a vu son inauguration être repoussée deux fois de suite. Prévue pour le printemps 2020, celle-ci n’accueillera pas de public avant 2024. Les 200 photographies de l’exposition sont finalement à consulter en ligne, et certaines se cachent dans les couloirs du métro parisien. Dans les colonnes du Parisien, les organisatrices affichent leur déception. « C’est frustrant de ne pas pouvoir la partager. J’ai l’impression de déboucher une très bonne bouteille pour moi toute seule », regrette Dominique Versavel, conservatrice à la BNF, qui souffle après ce « travail de petite fourmi infini », effectué depuis 2017.

Digitalisation des lieux culturels : des solutions possibles à prévoir dans un budget prévisionnel


Ainsi, les entreprises culturelles se doivent de rester attentives au moment même où toutes les innovations semblent permises. « Le numérique au sens large et la création numérique en particulier constituent l’un des axes forts de notre feuille de route Industries culturelles et créatives », assure Valérie Mouroux. Dès le premier confinement, l’ambassade de France à New-York a notamment mis en place les Digital Thursdays afin de proposer des alternatives en ligne. « Cette série de rendez-vous répondait à des sujets aussi divers que les biais cognitifs dans le jeu vidéo, la création de communautés dans le secteur ou la promotion des talents français en Amérique du Nord », précise l’attachée audiovisuelle.

D’autres dispositifs d’aides à l’exportation de la culture française aux Etats-Unis sont proposées par le Service Culturel de l’Ambassade de France à New-York qui sont détaillées dans une interview consacré au sujet.

Par ailleurs, pour plus d’informations concernant les différentes actions menées par Business France pour aider les entreprises françaises à s’exporter aux Etats-Unis, nous vous invitons à lire cet article.

Toutefois, la digitalisation représente un coût et toutes les entreprises culturelles n’ont pas assez de budget pour pouvoir entreprendre cette transition. « Nous avons très peu d’argent dédié au numérique, car nous savons que, pour le moment, les événements immersifs seront toujours plus réussis avec le public sur place. Néanmoins, nous réservons un budget dédié à recherche et à l’innovation afin de connaître les quatre/cinq axes principaux à développer pour la suite, si par exemple une nouvelle pandémie survenait », explique Louis-David Loyer. Et d’ajouter : « Pour le moment, on va surtout miser sur les réseaux sociaux pour répondre à notre jeune communauté ».

Et pourquoi pas à l’avenir proposer uniquement des solutions hybrides avec à la fois de l’immersif en présentiel et une présentation des coulisses à distance ? « Dans un avenir proche, l’événementiel ne pourra pas devenir uniquement digital. Mais dans un avenir futuriste, il pourrait fort probablement l’être. Tout est une question de duel entre la réalité et le métaverse [la représentation d’un monde fictif par les technologies du virtuel NDLR.] Après une année comme celle-ci, le monde de la culture a toutefois besoin de retrouver son public et de revivre un ancrage dans la réalité », conclut Louis-David Loyer.

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