Modifié le 21 août 2023
Pour les géants de l’IT et des deeptechs indiennes, une French Tech de plus en plus attractive
« Quand vous lancez une startup et que vous recherchez un marché, il y a quatre éléments à valider en amont : la taille du marché, la présence de compétences locales, l’infrastructure informatique et l’apport en venture capital. L’Inde coche désormais toutes les cases… » Cette affirmation de Kalyan Kumar, le Chief Technology Officer et Head of Ecosystems de HCL Technologies, met en lumière […]
« Quand vous lancez une startup et que vous recherchez un marché, il y a quatre éléments à valider en amont : la taille du marché, la présence de compétences locales, l’infrastructure informatique et l’apport en venture capital. L’Inde coche désormais toutes les cases… »
Cette affirmation de Kalyan Kumar, le Chief Technology Officer et Head of Ecosystems de HCL Technologies, met en lumière une réalité commerciale forte : l’Inde est aujourd’hui un marché leader pour les startups, comme en témoigne sa position de troisième écosystème de startups au monde.
Habituellement reconnu pour sa spécialisation en offshoring [1], le pays s’est engagé depuis quelques années dans un recentrage vers les technologies émergentes et l’innovation : un virage stratégique qui pourrait bien profiter aux entreprises françaises, particulièrement appréciées dans la zone…
Une dynamique R&D Deeptech accélérée

« Ce qu’il faut comprendre avec le marché informatique indien, c’est qu’il est progressivement en train de basculer d’une approche de services à une perspective R&D plus globale », explique Rifka David, chargée d’affaires chez Business France en Inde. « Outre les fabricants proprement dits, les Global System Integrators (GSI) qui se sont développés dans l’intégration auprès des multinationales à l’étranger sont désormais en quête de technologies nouvelles pour le compte de leurs clients, à la fois sur le sol indien et à l’international ». En témoignent les chiffres croissants de l’industrie logicielle indienne – avec 100 milliards de dollars de revenus attendus d’ici 2025 (sur un total de 350 milliards pour l’ensemble des services IT) – et des investissements grandissants des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), avec 25 milliards de dollars investis depuis 2020…
Parmi ces géants, les leaders Wipro Technologies, Infosys, HCL Technologies ou encore Tata Consulting Services (TCS) affichent une part de marché totale de 25% des revenus de l’industrie (ce qui témoigne du niveau très concurrentiel du marché) et réalisent 136 milliards de dollars à l’export. « Quand on est une startup française, il y a donc un intérêt double à se rapprocher de ces leaders, confirme Rifka David : non seulement ils sont la clé pour le marché indien, mais ils permettent également de percer certains marchés étrangers ».
Faire équipe avec les Global System Integrators
L’intérêt réciproque se vérifie du côté du GSI HCL Technologies, présent dans 52 pays : « Il y a une demande forte de nos clients de trouver des technologies qui changent radicalement le business et optimisent les process. Soit nous intégrons les solutions de ces startups directement dans nos packages, soit nous réalisons une approche conjointe, avec partage du mandat et de la visibilité », témoigne Kalyan Kumar. Une recette qui a déjà fait ses preuves pour certains acteurs français comme Atempo ou Contentsquare, arrivés sur le marché indien par le biais de ces acteurs (et l’entremise de Business France) et qui ont ensuite accéléré leur ancrage en recrutant dans les grands pôles comme Bangalore ou Hyderabad.
Des success stories qui poussent Business France à poursuivre l’expérience et renforcer les liens : « Nous travaillons régulièrement avec HCL Technologies car ils ont l’habitude de mener très loin la conversation technologique avec les startups : les démos qu’ils demandent sont toujours très commentées », témoigne Rifka David. Un focus core tech que ne dément pas Kalyan Kumar : « Les critères que nous vérifions sont évidemment le problème adressé et les capacités de financement, mais surtout le fait qu’il y a une technologie robuste et complexe derrière, pas seulement une interface ».
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Une French Tech qui séduit les intégrateurs indiens
Une caractéristique qui amène l’intégrateur à sourcer plus spécifiquement les DeepTech françaises : « Ce qui est intéressant avec les startups françaises, c’est leur capacité à cibler des problématiques marché très spécifiques (par exemple sur la santé) tout en conservant une approche design et customer-centric élaborée ». D’où un positionnement français grandissant sur un marché qui accueille la concurrence internationale avec la présence de tous les leaders mondiaux de la tech (Microsoft, Oracle, IBM, etc).
En juin prochain, HCL Technologies sera présent aux côtés de Business France pour les « Business Meetings Deeptech » [2], une opération 100% digitale qui vise à introduire des pépites françaises auprès de ces géants indiens : « Les entreprises seront d’abord évaluées en ligne par HCL Technologies, puis les plus performantes d’entre elles auront la chance de poursuivre sur des business meetings individuels avec des end-users », précise Rifka David. L’enjeu : encourager les acteurs français à mettre l’Inde sur leur feuille de route, au même titre que la Chine et les Etats-Unis.

Les sujets du moment dans le secteur des Deeptechs : IA, cyber, 5G et… Métaverse
Car les besoins technologiques des donneurs d’ordre y sont nombreux – qu’il s’agisse de Machine Learning (ML) et d’Intelligence Artificielle (IA), de Blockchain, de cybersécurité, d’infrastructure urbaines (smart cities) ou encore de technologies RFID, AIDC et biométriques (l’authentification numérique est notamment au cœur du projet Aadhaar qui vise à fournir à chaque résident indien un numéro unique d’identification).
Plus globalement, les technologies de rupture deeptech font l’objet de toutes les convoitises, avec un taux d’adoption de 40% et 2100 startups locales identifiées sur le sujet. « En ce moment, nous travaillons plus spécifiquement sur les technologies liées au métaverse, pour lesquelles nous pensons que les startups françaises ont beaucoup à proposer en matière de sécurité ou de gestion data », précise Kalyan Kumar. « Et puis, il y a bien sûr les domaines de la 5G, de l’IA/ML et du Quantum computing qui constituent un terrain inépuisable d’innovations, et pour lequel nous sommes en recherche de technologies brevetées ».
Patience, persévérance, présence et prix : les efforts de la filière Deeptech en Inde portent leurs fruits

Une accélération Deeptech qui devrait donc trouver en Inde un terreau favorable – « d’autant plus si ces technologies sont intégrables sur le Cloud », souligne Kalyan Kumar. Cependant, le pays-continent ne se livre pas en un voyage et l’accès reste limité aux plus volontaires et aux plus avertis : « Quand nous donnons des conseils aux entreprises, explique Rifka David, nous utilisons souvent la règle des 4P – soit Patience, Persévérance, Présence et Prix ». Car l’Inde se gagne sur le long terme, au prix d’une prospection active sur le terrain, état par état, ville par ville, avec la conscience que le temps de négociation est souvent plus long qu’escompté. « Le relationnel est très important ici, confirme Kalyan Kumar. Si vous pouvez trouver un partenaire local pour vous lancer, c’est mieux. Et il ne faut pas négliger le temps passé à comprendre toute la chaîne de valeur ». Un accès au marché qui devrait cependant être facilité par la présence active de donneurs d’ordre français du secteur, qu’ils soient eux-mêmes des intégrateurs/ESN (Altran, Atos, Capgemini, etc) ou des éditeurs de logiciels (Dassault Systèmes, DiBcom, eNovance, ESI Software, etc).
Pays-continent, l’Inde représente donc un hub d’opportunités pour l’écosystème français de startups : même s’il reste encore sensible au prix, la tendance est nettement en évolution. « Il y a dix ans, le prix était le seul critère ; désormais, nos clients sont un peu moins regardants pourvu qu’il s’agisse d’une technologie créatrice de valeur. Dans cinq ans, le marché sera sûrement plus mature pour des positionnements premium », analyse Kalyan Kumar.
Une évolution rapide qui devrait inciter les acteurs français à se positionner dès à présent. « Et les business meetings sont un bon moyen de lancer la dynamique à peu de frais », rappelle Rifka David. Quelle que soit l’approche, le budget et le temps investis, la French Tech reste attendue sur le sol indien et l’équation business penche nettement en faveur d’une prospection.
Comme le résume Kalyan Kumar : « It’s not an easy market but it’s a rewarding one [3] ».
Si le marché des logiciels vous intéresse, nous avons mis en avant le positionnement de la suisse sur le marché du numérique en matière de logiciels.
[1] L’Inde détient 55% du marché mondial de l’offshoring ou « délocalisation de services informatiques »
[2] Business Meetings Deeptech – Inde, du 1er au 15 juin 2022, full digital, inscription : https://extranet-btob.businessfrance.fr/prg-33475/
[3] Littéralement : « Ce n’est pas un marché facile, mais c’est un marché gratifiant ».
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