Modifié le 21 août 2023
Corée du Sud : l’arme du digital face au COVID-19
La Corée du Sud a fait partie des premiers pays touché par le COVID-19, avec de premiers cas dès janvier 2020. Après avoir connu un emballement de l’épidémie à la mi-février, le pays a réussi à maîtriser très rapidement la propagation du virus sans avoir recours au confinement généralisé. Si le civisme de la population […]
La Corée du Sud a fait partie des premiers pays touché par le COVID-19, avec de premiers cas dès janvier 2020. Après avoir connu un emballement de l’épidémie à la mi-février, le pays a réussi à maîtriser très rapidement la propagation du virus sans avoir recours au confinement généralisé. Si le civisme de la population et les actions du gouvernement ont joué un rôle clef dans la maîtrise de l’épidémie, le pays a également su s’appuyer sur son écosystème de PME et start-ups du digital.
La contribution du digital pour optimiser un dispositif de traçage et test de masse

Apparu le 19 janvier 2020, le premier cas de COVID-19 en Corée du Sud a mené à la mise en place d’un système d’enquêtes sur les parcours des personnes infectées (entretiens visant à identifier lieux visitées et personnes rencontrées). Géré par la KCDC (Korea Centers for Disease Control & Prevention Prevention – sous la tutelle du Ministère de la Santé), le dispositif initial a rapidement été débordé avec l’explosion des cas à partir de mi-février 2020 (cf. figure 1 en annexe).
Le gouvernement s’est alors appuyé sur une plateforme Smart City Data Hub, projet de traitement automatisé de données de déplacements urbains mené par les ministères du Territoire et de l’Intérieur de 2018 à 2022, qui permet aux autorités de retracer les déplacements des personnes infectées via leurs données GPS, bancaires (identification des lieux de consommation) et les images de vidéosurveillance.
Les données sont recueillies auprès des opérateurs téléphoniques et des sociétés de cartes de crédits, puis analysées et vérifiées par le KCDC. Les itinéraires des contaminés sont ensuite communiquées à la population, les données personnelles étant tenues secrètes et détruites lorsque la crise prendra fin. Ce dispositif s’appuie sur un consortium d’acteurs encadrés par le KETI (Korea Electronics Technology Institute), regroupant 4 PME et ETI du digital : PINE C&I (Plateforme « data hub »), Dtonic (Stockage, traitement et analyse des données), N2M (Développement et maintenance de services IoT utilisés en environnement urbain (parking, parc, décharge, etc.)) et NHN (Cloud et infrastructures).
Cette stratégie de traçage se coordonne avec un dispositif de dépistage de masse, rendu possible par le développement rapide de plusieurs kits de tests fiables. La société Seegene en particulier, entreprise indépendante créée en 2000 et spécialisée dans la conception et la fabrication de tests de dépistages de pathologies, s’est lancée dans l’élaboration d’un kit covid-19 en utilisant le portrait génétique du virus communiqué par les autorités chinoises. Au lieu d’un développement « manuel » des tests, Seegene s’est appuyé sur un système de développement faisant intervenir l’intelligence artificielle, le SGDDS (Seegene Digitalized Development System), pour réduire le temps de conception. Il permet d’automatiser le développement de réactifs pour tests, via des essais virtuels (in silico) de détection des gênes caractéristiques du virus par des molécules candidates variées, dont la conception est également automatisée.

Rapidement approuvé par les autorités coréennes, le test « Allplex 2019-nCoV » permet de détecter la présence du virus (3 gênes essentiels) en seulement 6 heures, contre une journée entière. La cadence de production a rapidement atteint les 500 000 kits par semaine, impliquant 4 sociétés de medtech (Kogene Biotech, Seegene, Solgent, SD Biosensor). Des installations de test nombreuses et fluides dans leur fonctionnement, dont les tests « drive-thru », ou des cabines de test à l’aéroport international d’Incheon ont permis de tester plus de 530 000 personnes en quelques semaines. La pratique de la télémédecine a aussi été temporairement autorisée.
La rapidité et la fluidité du dispositif de dépistage a également été optimisée grâce aux services de radiologie des hôpitaux. Les start-ups Vuno et Lunit (créées en 2014 et 2013), spécialisées dans les solutions médicales digitales, ont toutes les deux mis à disposition leurs logiciels conçus spécialement pour détecter les lésions pulmonaires causées par le coronavirus. Entraînées via des données radiographiques réelles de patients infectés par le COVID-19, ces IA permettent d’accélérer les diagnostics en analysant en quelques secondes les radiographies du thorax des patients. Bien que n’ayant pas encore reçu l’approbation du gouvernement pour leur commercialisation, ces solutions sont accessibles gratuitement sur les sites internet des start-ups et elles ont efficacement contribué au dépistage et éviter l’engorgement des services de radiologie. Le système de Lunit est aussi utilisé au Brésil.
Enfin, le dispositif de traçage et de dépistage a par ailleurs été complété par la surveillance des cas suspects placés en quarantaine, via une application gérée par le ministère de l’Intérieur, et développée par une start-up dont l’identité reste confidentielle. Cette application possède deux fonctionnalités majeures : les personnes remplissent un formulaire d’auto-diagnostique 2 fois par jour (température, toux, maux de gorge, difficultés respiratoires) et l’application permet de géolocaliser les personnes. Ces dernières sont par ailleurs suivies à distance par un fonctionnaire municipal assigné, analysant les informations transmises quotidiennement.
Les outils digitaux au service de la population coréenne
La circulation de l’information a joué un rôle clef dans la lutte contre l’épidémie en Corée, y compris dans le partage d’information à la population, notamment via des applications et sites permettant d’obtenir des informations relatives à l’itinéraire des personnes infectées. L’application Co100 développée par la start-up TINA3D spécialisée dans les réalisations 3D et créée en 2017, met par exemple à disposition de l’utilisateur une carte (établie grâce aux données Google map) où les itinéraires des cas recensés sont signalés et mis à jour en temps réel selon les données partagées par le gouvernement. Une notification est reçue lorsque l’on s’approche à 100 m (distance ajustable) d’un endroit récemment visité par une personne infectée.
TINA3D a également permis d’optimiser l’approvisionnement en masques de la population. Des pénuries ponctuelles et des mesures gouvernementales de rationnement ont donné naissance à une nouvelle version de l’application, « Co100 Plus », ajoutant un système d’information en temps réel des stocks de masques dans les pharmacies environnantes.
Le 16 avril 2020, la Corée du Sud comptait 10 635 cas de COVID-19 et 230 décès, avec un ralentissement considérable de l’épidémie, et moins de 50 nouveaux cas par jour. Si le développement rapide de l’épidémie en février a fait craindre le pire, les moyens très importants déployés, mêlant outils de haute technologie et intelligence organisationnelle, semblent avoir permis une maîtrise rapide de l’épidémie, en évitant un confinement de la population.
Rédigé par : Carole Queury, Hyekyung Kim, Sylvain Degueurce de Business France Corée du Sud

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