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    Pionniers de l’innovation et de la transformation digitale, les pays nordiques se positionnent comme leaders européens dans le domaine du numérique.

    Cependant, à l’image du reste du monde, la Finlande, la Norvège, le Danemark et la Suède ont été touchés par la crise sanitaire causée par la Covid-19.

    Malgré des stratégies divergentes et parfois polémiques selon les pays de la zone pour lutter contre la propagation du virus, les économies nordiques sont résilientes et enregistrent une faible baisse de leur PIB. La Coface prédit une baisse moyenne d’environ 5% du PIB pour les pays de la zone nordique, alors que la moyenne européenne se situe autour de 10% de baisse (France : -10,4%).

    Certains secteurs technologiques se sont fortifiés et de nombreuses opportunités sont à explorer par les entreprises françaises pour 2021.

    Suède

    La Suède est l’un des pays de l’Union où la digitalisation de l’économie est, sans conteste, la plus avancée.

    « Une forte culture de l’innovation a propulsé la Suède à la pointe du développement technologique » peut-on même lire dans un livre publié par l’Institut Suédois. Cette image de la Suède championne de la R&D et de l’innovation est fortement ancrée dans les esprits, constamment relayée par un nombre croissant de rapports et classements internationaux.

    Avec 3% de son PIB alloués, la Suède est le second pays au monde qui investit le plus en R&D, après les Etats-Unis.

    Elle profite de son avance pour investir dans des sociétés à impact écologique et sociétal. Avec une large protection de l’environnement, des mesures actives pour respecter les droits de l’Homme et améliorer le milieu de travail et la lutte contre la corruption, nombre d’entreprises suédoises sont aujourd’hui en pointe pour intégrer une démarche de durabilité dans leurs stratégies et gestion courante de leurs activités. En effet, la Tech for Good est primordiale pour les entreprises suédoises, celles-ci s’étant engagé à respecter l’Agenda 30, adopté aux Nations Unies en 2015.

    Pourtant, même si la Suède a fait de grands progrès, de nombreux défis restent à relever.

    De même, la diversité en entreprise reste une problématique partiellement non résolue pour de nombreuses sociétés suédoises. De nombreux acteurs se mobilisent pour faire respecter la diversité de ces milieux, surtout la répartition homme-femme, sous le brading « Women in Tech », mouvement en charge de promouvoir la place des femmes dans les métiers technologiques.

    La conférence Women in Tech créé à Stockholm, en 2014, est si populaire que les billets ont été épuisés en 45 secondes lors de l’édition 2019. En clôture de l’évènement, la Maire de Stockholm, Anna König Jerlmyr, a formulé le vœu que dans les dix prochaines années, la moitié des licornes de Stockholm soient créées par des femmes. 

    De plus, les directives gouvernementales adaptées à la crise sanitaire ont permis le développement exponentiel de deux secteurs en Suède : le gaming et la FinTech.

    En effet, pour parer à la quarantaine et l’auto-isolement imposés par les conditions sanitaires, de nombreux individus se divertissent maintenant grâce au gaming. En seulement cinq ans, les ventes d’industrie du jeu vidéo en Suède ont plus que doublé, déclare Per Strömbäck, porte-parole de la Swedish Games Industry. Actuellement, les montants des projets sont aux mêmes niveaux que ceux générés par les exportations suédoises traditionnelles, telles que le bois ou le métal. Le succès est si important qu’Ubisoft a installé son second studio suédois à Stockholm.

    De même, les achats en ligne ont explosé dû aux recommandations gouvernementales et nécessite l’intervention de technologies financières ou « FinTech ». Un récent rapport d’Invest in Stockholm, organisme publique chargé de promouvoir les investissements de la capitale, place la ville à la troisième position des hubs européens de la FinTech, après Londres et Berlin. Avec ses investissements à hauteur de 942 M€ en 2019, Stockholm atteint un niveau record avec ses technologies financières de pointe. 63% des Fintech suédoises ont connu une augmentation du volume des transactions depuis le début de la pandémie. Parmi elles, nous ne pouvons passer à côté de la « licorne » Klarna, dont on prédit déjà l’OPA pour 2021…

    Finlande

    Comme ses voisins nordiques, la Finlande est souvent classée mondialement dans les dix premiers dans les classements internationaux portant sur le numérique. Notamment en 2019, elle était première du podium de l’index DESI de la Commission européenne qui mesure la connectivité, le capital humain, l’utilisation des services internet, l’intégration de la technologie numérique et les services publics numériques.

    En période de crise sanitaire, les mesures nécessaires ont été prises dans l’événementiel. L’un des salons tech & start-up le plus important, Slush, était dans les premiers à digitaliser son événement et à trouver une solution afin d’aider les start-up à trouver des investisseurs et des partenaires commerciaux. L’organisateur a ainsi créé une plateforme de mise en relation, nommée Node by Slush, ouverte pendant plusieurs mois ainsi que du contenu virtuel interactif. C’était d’ailleurs sur cette plateforme que le PDG de Spotify a annoncé son investissement personnel d’un milliard d’euros dans les start-up européennes. Outre Slush, l’écosystème start-up de la Finlande fleurit malgré le COVID, car un record de levée de fonds a été enregistré entre janvier et juin 2020 avec plus de 700 millions d’euros dans les start-up du pays.

    Davantage de secteurs ont connu de nouveaux records mondiaux. Dans le domaine de la télécommunication, la Finlande est quasi indissociable de Nokia. Ce dernier est en première ligne, avec son voisin suédois Ericsson, dans le déploiement du réseau 5G dans le monde entier. Le nouveau record mondial de vitesse 5G sur réseau commercial ressort de la collaboration entre Nokia, le téléopérateur finlandais Elisa et Qualcomm Technologies. Ces partenaires ont atteint une vitesse de connexion de 8 Gbps. De plus, Nokia a été choisi par la Nasa pour installer la 4G sur la lune.

    La Finlande étant fortement digitalisée la protection des données et toute lutte contre les menaces numériques est un sujet actuel, malgré la présence de F-Secure, l’un des pionniers de la cybersécurité. En octobre, un des plus grands piratages de données personnels de l’histoire de la Finlande a eu lieu lors d’une attaque contre un cabinet de psychothérapie. Les données de près de 40 000 patients auraient été piratées. Ces types d’incidents font preuve d’un fort besoin de prise de mesures ainsi que de solutions et innovations protectrices.

    Les solutions de vente en ligne en Finlande ont suivi les tendances mondiales. Un des gagnants du secteur est la plateforme de livraison Wolt. Fondée en 2014 par l’ex PDG de Slush, cette licorne finlandaise a plus que doublé son effectif de 700 à 1800 et a réussi à lever à 100 millions d’euros en 2020, seulement un an après une levée de 130 millions.

    Danemark

    Le Danemark est un pays très digitalisé, ce qui est à la fois un facteur positif et négatif. Négatif parce que le pays est plus vulnérable par exemple vis-à-vis des menaces de cyber-attaques mais positif parce que justement la digitalisation permet aux sociétés et à ses employés de faire du télétravail, aux consommateurs de faire leurs achats en ligne, aux enfants et enseignants de suivre les cours depuis la maison.

    L’EdTech est un secteur qui a connu un développement important dernièrement. Cela a d’ailleurs démarré avant la crise avec la création du cluster « Edtech Denmark » en 2018. Environ 70 startups sont présentes dans le secteur des technologies de l’éducation.  Une quantité de financements sont disponibles pour aider les entreprises de l’Edtech à développer leur présence au Danemark : aides publiques, investisseurs providentiels… Le fonds de croissance danois « Væksfonden » a récemment attribué 25 M EUR à l’entreprise d’apprentissage en ligne Area 9 Lyceum. La plupart des établissements scolaires ont recours aux nouvelles technologies appliquées aux méthodes éducatives. Le gouvernement a pris des initiatives pour développer les compétences numériques des élèves et valorise un enseignement centré sur la créativité et l’interactivité, auxquelles participent les nouvelles technologies telles que la réalité augmentée et la réalité virtuelle.

    Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, les investissements dans le secteur Fintech ont été très importants en 2020 et le secteur a réussi à lever des fonds malgré la crise sanitaire.  Le secteur Fintech est un secteur très développé au Danemark, en partie grâce à l’organisation « Copenhagen Fintech » qui s’est établie à Copenhague en 2016 avec le Fintech Lab également situé à Copenhague. Il existe une demande importante pour les technologies les plus avancées dans ce secteur. Les paiements digitaux constituent le segment de marché le plus important avec les paiements mobiles, les paiements transfrontaliers et les transactions commerciales numériques. Les Danois sont très ouverts au paiement en ligne et plus de 70 % de paiements se font en ligne. Comme exemples d’applications innovantes danoises dans la Fintech, il convient de mentionner MobilePay (application de paiement par téléphone mobile) et le NemID (signature personnelle numérique permettant de gérer ses comptes en ligne). Le NemID est utilisé par plus de 92% de la population.

    Il est évident qu’également l’E-Commerce a connu un grand succès dernièrement. On compte en moyenne 4 M de consommateurs en ligne, soit 61% de la population, avec un panier annuel moyen de 850 EUR par personne (2ème budget par habitant de la zone nordique derrière la Suède). On note une augmentation des ventes en ligne depuis le début de la crise sanitaire liée au covid-19 notamment pour les courses alimentaires en ligne. Le consommateur en ligne danois souhaite plus de flexibilité, notamment sur l’étape de livraison. Les alternatives aux méthodes de paiement classique sont en croissance. Cependant, les Danois privilégient la carte de débit/crédit dans 63,4% des cas pour leurs achats, contre 20% par paiement mobile (dont MobilePay), 10% par virement bancaire, 6,1% par d’autres moyens de paiements.

    Comme mentionné au début de cet article, le Danemark est bien entendu plus sensible par exemple vis-à-vis des menaces de cyber-attaques. Les pirates tentent d’exploiter la pandémie à leur avantage, en utilisant par exemple le terme Covid-19 dans les e-mails de phishing (hameçonnage). La modification des conditions de travail liée au Coronavirus (télétravail…) peut rendre les entreprises ou autorités plus vulnérables et augmenter le nombre de cyber-attaques réussies. Indépendamment de la pandémie, on observe une recrudescence des attaques de type « ransomware » qui peuvent avoir de graves conséquences si elles frappent, par exemple, le secteur de la santé. Le gouvernement danois a alloué un budget de 740 M EUR dans le cadre de sa stratégie pour la Croissance Numérique du Danemark jusqu’en 2025 avec un volet portant sur renforcement sur la cybersécurité des entreprises.

     

    Le potentiel de collaboration est immense dans tous ces secteurs et reste à développer sur cette zone nordique, qui dispose de compétences de niveau mondial et d’une volonté politique de maintenir ces pays parmi les leaders mondiaux.

    Pour en savoir plus sur les opportunités de la zone nordique, découvrir ces marchés, développer un réseau afin de créer ses premiers contacts commerciaux et/ou rencontrer ses futurs investisseurs, tout en augmentant sa visibilité ; venez participer aux French Tech Days Nordics @Slush 2021 !

    Plus d’informations sur le site du programmeou sur le bouton ci-dessous.

    Ou contactez Justine VAUTRIN, chargée d’affaires Nouvelles Technologies et Services Innovants, référente @Business France Zone Nordique – justine.vautrin@businessfrance.fr

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